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Ces parents qui évitent l'abus sexuel à leur enfant

Les chercheurs Wurtele et Kenny nous présentent les résultats des multiples études sur l'abus sexuel subi par l'enfant. L'abus sexuel des mineurs est une préoccupation marquante de santé publique. Une enquête internationale dans 65 pays a montré que 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 12 ont été abusés sexuellement avant l'âge de 18 ans. Ces abus apportent leur large cortège de troubles tels les troubles émotionnels, les troubles cognitifs (problèmes de concentration et de dissociation), problèmes scolaires, problèmes physiques (grossesse, MST), problèmes comportementaux (fugues, prostitution), et problèmes relationnels. Les répercussions se font sentir sur la famille et toute la société. Les personnes sexuellement abusées représentent la moitié des patients qui, adultes, consultent pour des troubles mentaux ou émotionnels. L'abus sexuel a été répertorié par l'organisation mondiale de la santé comme un problème majeur et prioritaire.
Dans son évaluation des programmes de prévention, Finkelhor (2007) insiste sur le fait que si la prévention faite dans les écoles est utile, elle est parcimonieuse (Note personnelle : surtout en France où le sujet est abordé de façon rapide lors des interventions d'information sur la sexualité) et que d'autres stratégies doivent être mises en place. La mise en garde par les médias a aussi un effet limité.
Wurtele et Kenny insistent sur le rôle des parents, pour qu'à la maison ils explorent ces concepts avec l'enfant et l'entraînent à les appliquer dans la vie courante. Quand les parents sont entraînés à discuter de ces sujets, et le font régulièrement, les enfants intègrent mieux ces concepts. De même si l'enfant subit un abus ou l'a subi, il sera plus enclin à s'en ouvrir au parent qui aura abordé ce sujet. Impliquer les parents permet de lever le secret sur l'abus et de discuter de la sexualité en général. Les parents sont les principaux acteurs pour créer un environnement dans lequel l'enfant ne sera pas exploité sexuellement.
De nombreuses enquêtes ont montré que "les parents manquent d'informations cruciales sur l'abus et adhèrent à des mythes". Le nombre des abus est sous-estimé. Les abus sur les garçons sont méconnus. De même pour les enfants de moins de six ans. De nombreux parents ne savent pas que les abuseurs sont en général des gens connus de l'enfant. Les symptômes que présentent les enfants abusés ne sont pas identifiés. Les abuseurs sont vus à tort comme des "vieux hommes dégoûtants" ou des inconnus. Les parents n'incluent pas les membres de la famille, les adolescents ou les personnes de confiance. Les parents parlent des cas les moins courants, comme être entraîné dans une voiture par un étranger.
Les enquêtes montrent aussi que les parents aimeraient prévenir leur enfant mais ont du mal à le faire. Les parents qui ont été eux-mêmes abusés enfants ont plus de facilité à discuter le problème avec leur enfant.
Les parents se sentent en général mal à l'aise pour trouver les mots ou un support pour discuter de ces sujets et pensent souvent à tort que leur enfant a peu de risque de subir l'abus. Ils craignent de faire peur à l'enfant.
En conclusion, les chercheurs ont constaté que les enfants dont les parents ont été entraînés, en suivant une formation, à discuter de ces sujets, ont montré plus de facilité à reconnaître les situations dangereuses que les enfants qui en avaient été seulement avertis à l'école.
Source : Wurtele, S. K., & Kenny, M. C. (2010). Partnering with parents to prevent childhood sexual abuse. Child Abuse Review, 19(2), 130-152.
Note personnelle : Ce sujet important me tenant particulièrement à coeur, j'ai écrit un ouvrage conçu tout spécialement pour les parents Nos enfants et les dangers du seXe, version Kindle sur Amazon.

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