26.3.11

Pourquoi jubile-t-on du malheur d'autrui ?

Duchemol a un souci, Trucmuche se prend un râteau et nous ne pouvons nous empêcher un petit sourire et penser : "Il l'a bien mérité", "Elle l'a bien cherché". On se réjouit parfois ( ou souvent ?) du malheur des autres. Mais quel bénéfice en tirons-nous ? 
Des chercheurs hollandais se sont demandés quelle était l'origine de cette délectation morbide (Schadenfreude). Dans deux expérimentations, ils ont tenté de vérifier s'il existait un lien entre une déstabilisation de l'image de soi et la propension à se réjouir du malheur d'autrui. Fallait-il en outre qu'autrui essuie un revers dans un domaine qui concernait directement le participant, ou tout autre domaine suscitait-il le même effet ?
Les évènements qui  nous comblent, ou promettent de nous combler, induisent des émotions positives et ceux qui nous entravent des émotions négatives. Dans une étude antérieure (2010) ces chercheurs avaient déjà constaté que se réjouir du malheur d'autrui aidait la personne à protéger, maintenir et promouvoir l'image de soi. Plusieurs autres recherches ont montré que c'est dans la comparaison avec autrui que les personnes évaluent le degré de satisfaction qu'elles ont de leur vie.
Dans la première expérimentation, les participants, 130 étudiants, devaient accomplir une tâche pour laquelle ils recevaient un feedback négatif ou positif. Pour renforcer cet aspect, les participants étaient "informés" que cette tâche révélaient leurs capacités intellectuelles et analytiques. On leur présentait ensuite le profil d'un étudiant excellent, promis à un brillant avenir, et on mesurait leur réaction (sympathie ou non) à l'égard de cet étudiant. Dans un second temps, on leur annonçait que cet étudiant avait finalement été recalé. De nouveau mesure de leur réaction.
Dans la deuxième expérimentations, 75 étudiants étaient également exposés à la dévalorisation ou à la valorisation après une tâche. On les mettait ensuite en présence d'une information leur indiquant qu'un étudiant ayant loué une voiture chère, pour une soirée, avait fait tomber cette voiture dans l'eau, devant ses amis, et que la voiture, sortie par les pompiers, avait été ruinée.
Dans les deux expérimentations, les participants dévalorisés (lors de la tâche) s'étaient davantage réjouis de l'infortune d'autrui que les étudiants valorisés. Dans la première expérimentation, moins les étudiants appréciaient le profil de l'étudiant brillant, plus ils se réjouissaient du fait qu'il soit recalé, mais l'envie n'était pas un facteur aggravant. La question de l'envie reste donc entière et les chercheurs souhaitent approfondir cet aspect.
Source : van Dijk, W. W., Ouwerkerk, J. W., Wesseling, Y. M., & van Koningsbruggen, G. M. (2011). Towards understanding pleasure at the misfortunes of others: The impact of self-evaluation threat on schadenfreude. Cognition & Emotion, 25(2), 360-368. doi:10.1080/02699931.2010.487365

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