Enfants et ados


Dans nos maisons, nos appartements bien calfeutrés, nos enfants vivent des drames dont nous ne savons rien.
Pourquoi Julien, 9 ans, passe-t-il ses débuts de nuit dans le lit de sa soeur, à l’insu des parents qui regardent la télévision ? Comment Thibault, 8 ans, a-t-il accepté de se soumettre à son frère? Qu’est-ce qui poussait Robin dans la chambre du fils de sa nounou ?
Faut-il prévenir Chloé de l’agressivité sexuelle de Sébastien ?
Comment savoir ce qui se trame ? Comment parler aux jeunes ? Que faut-il ne pas dire ? Comment gérer ses peurs et son malaise à communiquer avec nos enfants sur ces sujets ?
Abus sexuel entre enfants, masturbation addictive des adolescents, homosexualité forcée, séduction naïve et à la fois imprudente, danger d’internet et de la télévision, autant de pièges à mieux connaître pour en protéger nos enfants et nos adolescents.
L’auteur est psychanalyste et psychopraticienne, formée en philosophie, ethnologie et psychologie. Elle nous livre ici les témoignages poignants de ses patients, son analyse et ses conseils aux parents.
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Ces parents qui évitent l'abus sexuel à leur enfant
Les chercheurs Wurtele et Kenny nous présentent les résultats des multiples études sur l'abus sexuel subi par l'enfant. L'abus sexuel des mineurs est une préoccupation marquante de santé publique. Une enquête internationale dans 65 pays a montré que 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 12 ont été abusés sexuellement avant l'âge de 18 ans. Ces abus apportent leur large cortège de troubles tels les troubles émotionnels, les troubles cognitifs (problèmes de concentration et de dissociation), problèmes scolaires, problèmes physiques (grossesse, MST), problèmes comportementaux (fugues, prostitution), et problèmes relationnels. Les répercussions se font sentir sur la famille et toute la société. Les personnes sexuellement abusées représentent la moitié des patients qui, adultes, consultent pour des troubles mentaux ou émotionnels. L'abus sexuel a été répertorié par l'organisation mondiale de la santé comme un problème majeur et prioritaire.
Dans son évaluation des programmes de prévention, Finkelhor (2007) insiste sur le fait que si la prévention faite dans les écoles est utile, elle est parcimonieuse (Note personnelle : surtout en France où le sujet est abordé de façon rapide lors des interventions d'information sur la sexualité) et que d'autres stratégies doivent être mises en place. La mise en garde par les médias a aussi un effet limité.
Wurtele et Kenny insistent sur le rôle des parents, pour qu'à la maison ils explorent ces concepts avec l'enfant et l'entraînent à les appliquer dans la vie courante. Quand les parents sont entraînés à discuter de ces sujets, et le font régulièrement, les enfants intègrent mieux ces concepts. De même si l'enfant subit un abus ou l'a subi, il sera plus enclin à s'en ouvrir au parent qui aura abordé ce sujet. Impliquer les parents permet de lever le secret sur l'abus et de discuter de la sexualité en général. Les parents sont les principaux acteurs pour créer un environnement dans lequel l'enfant ne sera pas exploité sexuellement.
De nombreuses enquêtes ont montré que "les parents manquent d'informations cruciales sur l'abus et adhèrent à des mythes". Le nombre des abus est sous-estimé. Les abus sur les garçons sont méconnus. De même pour les enfants de moins de six ans. De nombreux parents ne savent pas que les abuseurs sont en général des gens connus de l'enfant. Les symptômes que présentent les enfants abusés ne sont pas identifiés. Les abuseurs sont vus à tort comme des "vieux hommes dégoûtants" ou des inconnus. Les parents n'incluent pas les membres de la famille, les adolescents ou les personnes de confiance. Les parents parlent des cas les moins courants, comme être entraîné dans une voiture par un étranger.
Les enquêtes montrent aussi que les parents aimeraient prévenir leur enfant mais ont du mal à le faire. Les parents qui ont été eux-mêmes abusés enfants ont plus de facilité à discuter le problème avec leur enfant.
Les parents se sentent en général mal à l'aise pour trouver les mots ou un support pour discuter de ces sujets et pensent souvent à tort que leur enfant a peu de risque de subir l'abus. Ils craignent de faire peur à l'enfant.
En conclusion, les chercheurs ont constaté que les enfants dont les parents ont été entraînés, en suivant une formation, à discuter de ces sujets, ont montré plus de facilité à reconnaître les situations dangereuses que les enfants qui en avaient été seulement avertis à l'école.
Source : Wurtele, S. K., & Kenny, M. C. (2010). Partnering with parents to prevent childhood sexual abuse. Child Abuse Review, 19(2), 130-152.
Note personnelle : Ce sujet important me tenant particulièrement à coeur, j'ai écrit un ouvrage conçu tout spécialement pour les parents Nos enfants et les dangers du seXe.J'organise aussi des réunions pour former les parents à déjouer l'abus, comme le conseille cette étude. Pour organiser une réunion, voir "mon blog pro" et "mon nouveau livre" sous ma photo et joindre mon secrétariat.


Comment enfants développons-nous des troubles mentaux ?
Si pour les pionniers (James, Freud, Watson) l'enfant ne pouvait avoir de troubles mentaux, puisqu'il n'était pas perçu comme ayant une vie psychique autre qu'une sorte de mouvement brownien, nous savons aujourd'hui que les enfants, même bébés, ont d'intenses compétences bio-psycho-sociales. Capables d'émotions et d'intentions, ils réagissent à celles d'autrui, et élaborent un sens dans ces interactions, même si le sens n'a pas encore une valeur symbolique comme chez l'enfant plus âgé ou l'adulte. Lorsque ses déductions balbutiantes sont fausses, l'enfant se développe d'une façon biaisée, l'amenant à l'auto-dévalorisation, à la peur d'autrui, du monde, à l'incompréhension de soi-même. Le développement, la capacité à créer des liens, l'acquisition de l'autonomie s'en trouvent altérés. 
Cette création de sens est chez l'enfant une dynamique ouverte et qui s'élabore dans l'interaction continue avec les personnes. Dans cette étude, les chercheurs ont observé les interactions quotidiennes entre l'enfant et le parent et en ont conclu que cette interaction est potentiellement plus traumatique, lorsqu'elle n'est pas génératrice de sens, qu'un traumatisme isolé. 
Si l'interaction n'est pas génération et renforcement de sens, pour l'enfant jeune quasi incapable d'élaborer seul, la distorsion s'installe et parfois la capacité même à créer du sens se trouve complètement altérée. Il existe alors une "dissipation" du sens. 
Dans les interactions positives entre le parent et l'enfant, la fluctuation de cohérence est sans cesse à rétablir. La relation passe du "désaccord" à "l'accord retrouvé", surtout dans le processus éducatif, et la responsabilité de la restauration du lien incombe au parent. Cet effet est illustré par une maman chatouillant son bébé avec ses cheveux. L'enfant tire les cheveux. La mère manifeste sa douleur et l'enfant se met en retrait devant la colère de la mère. C'est la mère qui rétablit ensuite l'ambiance positive.
L'élaboration du sens chez l'enfant n'est pas une attribution d'étiquettes sur les "objets" de la vie, comme chez l'enfant plus grand ou l'adulte, mais se forge dans une réaction émotionnelle et à travers l'agir: que peut-on FAIRE avec l'objet ou la personne ? 
Lorsque l'enfant ne peut créer du sens AVEC autrui, sa capacité à créer du sens s'en trouve réduite. Pour les chercheurs, l'enfant ne peut créer du sens sans élaborer avec le parent, dans ce va-et-vient permanent.
En conclusion l'observation a montré que le trouble mental de l'enfant peut se résorber si le parent s'engage lui-même dans un travail thérapeutique en travaillant sur le lien et l'amélioration de l'échange continu autour du sens. Ce travail sur l'élaboration du sens est une opportunité de guérison pour l'enfant et le parent.
Source : Infants' meaning making and the development of mental health problems.
http://www.apa.org/pubs/journals/releases/amp-66-2-107.pdf


Le bonheur injustement partagé
Si le corrélation entre les problèmes dans l'enfance et ceux de l'âge adulte sont bien connus, cette étude explore la corrélation entre enfance heureuse et vie adulte épanouie. L'étude s'appuie sur le suivi de 2776 personnes nées en 1946. On a retenu les observations faites à leur sujet par leurs professeurs à 13 et 15 ans, et évalué la personnalité à 16 ans. Il ressort de cette étude qu'une enfance positive est associée à une satisfaction en milieu de vie, à peu de difficultés émotionnelles, à plus de satisfaction au travail, à plus de contacts avec la famille et les amis et d'engagements dans des activités sociales. Si les "enfants heureux" ne se marient pas plus, ils divorcent plus. Ces constatations sont indépendantes du milieu social d'origine, de la réussite scolaire, du niveau d'études, du niveau socioprofessionnel actuel et de l'extraversion. Les chercheurs concluent que le bien-être de l'enfance prédit le bien-être à l'âge adulte et pas seulement l'absence de troubles mentaux.
Source : Do positive children become positive adults ? Evidence from a longitudinal birth cohort study
http://www.informaworld.com/smpp/content~content=a933337090~db=all~jumptype=rss

Marcher change les interactions sociales des enfants
Si se déplacer à quatre pattes est une étape importante d'un point de vue moteur, cognitif et social, Melissa Clearfield a souhaité cerner si la marche est aussi une étape importante dans le développement de l'enfant, et si ce développement est dû au fait d'être debout ou à la capacité de marcher sans trotteuse. Elle a observé des enfants, entre 9 et 11 mois, à quatre pattes et dans des trotteuses, explorant une pièce contenant des jouets, leur mère et trois autres personnes. Les enfants à quatre pattes ou en trotteuse passaient autant de temps, dans l'un ou l'autre cas, avec les jouets, les personnes ou à vocaliser. Clearfield refit la même expérimentation avec des enfants du même âge autonomes pour la marche. Elle observa qu'ils interagissaient trois fois plus avec les personnes et deux fois plus avec les objet que les enfants du même âge ne marchant pas.
Source : Learning to walk changes infants' social interactions.

Les tout-petits sont-ils racistes ? Pas si simple 
Les petits ont-ils des préférences en rapport avec le groupe racial auquel ils appartiennent ? Dans une expérimentation sur les effets de la langue, de l'accent et de la race, on a présenté à des enfants de cinq ans des photos d'enfants, accompagnées, ou non, des enregistrements des voix. Les chercheurs ont constaté que les enfants choisissaient d'être amis avec des enfants partageant la même langue plutôt que des enfants parlant une langue étrangère ou ayant un accent. S'ils choisissaient des enfants appartenant à la même race lorsqu'on leur présentait seulement les photos, sans la voix, ils préféraient les enfants de race différente et parlant la même langue qu'eux, sans accent, plutôt que les enfants de même race ayant un accent.
Source : Accent trumps race in guiding children's social preferences.