19.4.11

La dépendance émotionnelle est-elle toujours mauvaise ?

La dépendance émotionnelle se manifeste par une recherche de soins, d'aide, de guidance, de protection et de soutien, même dans des situations où la personne pourrait se débrouiller seule.
Elle est associée à l'idée de passivité, d'immaturité, et souvent perçue comme un dysfonctionnement par les professionnels de santé.
Robert Bernstein évalue dans cet article ce qu'il en est réellement. La dépendance n'a-t-elle que des effets négatifs ? 
Quand on imagine une personne dépendante, on pense à une personne passive, timide, soumise, et qui cherche toujours à faire plaisir, même dans des situations extrêmes et toxiques. Elle semble incapable de décision sans le soutien de son entourage. 
La dépendance a souvent un impact négatif dans les amitiés ou les relations de couple. Les hommes dépendants sont plus sujets à la violence conjugale, lorsque la relation est menacée.
Si la dépendance a été perçue depuis Freud comme un état de fixation à la phase orale, les recherches de ces dernières années montrent que la personne dépendante peut aussi manifester une certaine affirmation de soi lorsqu'elle y trouve un intérêt. Elle change par exemple moins d'avis qu'une personne indépendante, dans une expérimentation, dans le but d'impressionner positivement l'expérimentateur. En fait la dépendance semble être plutôt un choix de privilégier le lien à autrui.
Ayant eu des parents surprotecteurs ou autoritaires, la personne dépendante se croit faible, a peur de l'abandon et met en place des stratégies pour conserver le lien.
Mais certaines personnes dépendantes expriment leur personnalité de manière plus positive que d'autres : elles sont alors conscientes de leur besoin de dépendance, ont de meilleures aptitudes à la vie sociale, un meilleur contrôle de leur impulsivité, une plus grande richesse cognitive et une capacité d'adaptation plus grande et plus mature. 
Si les personnalités dépendantes tombent plus facilement malades, elles recherchent aussi plus facilement une aide médicale et sont plus ouvertes à l'idée d'une psychothérapie. 
Bernstein propose de ne plus identifier les personnalités dépendantes comme forcément pathologiques, mais comme seulement potentiellement pathologiques. Car elles peuvent aussi être génératrices de liens émotionnels positifs.
Source : Bornstein, R. An Interactionist Perspective on Interpersonal Dependency. Current Directions in Psychological Science 2011 20: 124. DOI: 10.1177/0963721411403121
http://cdp.sagepub.com/content/20/2/124

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