16.3.11

Qui donnera pour le Japon ? Pourquoi nous devenons insensibles aux tragédies

"Une mort est une tragédie, un million est une statistique" aurait dit Staline. Les chercheurs Cameron et Payne, de l'université de North Carolina, se sont intéressés au fait que plus le nombre de personnes dans le besoin augmente, moins les gens semblent ressentir de compassion. Traditionnellement les chercheurs en psychologie sociale avaient émis l'hypothèse que l'individu est peu capable d'émotions envers un groupe, alors que la souffrance d'un seul individu les touche. Cette nouvelle étude explore l'hypothèse que les besoins de larges groupes sont tellement énormes que la personne se sent impuissante et s'engage dans l'auto-régulation de ses émotions pour ne pas se sentir émotionnellement submergée et impuissante. Les groupes entraîneraient plus un comportement de régulation des émotions que la souffrance ou le besoin d'une seule personne.
Les chercheurs ont menés trois expérimentations. Dans la première, le degré de compassion des participants chutait seulement lorsqu'ils s'attendaient à ce qu'on leur demande de l'argent. Dans la deuxième, le degré de compassion chutait seulement pour les participants habitués à maîtriser leurs émotions. Dans la troisième, les participants que l'on incitaient à contrôler leurs émotions montraient moins de compassion que ceux que l'on incitait à ressentir leurs émotions.
Cette étude montre que le contrôle des émotions rend l'individu insensible à la souffrance de masse. Et que plus des peuples entiers souffrent, moins nous y sommes sensibles.
Note personnelle : Il serait intéressant de vérifier si les méditants qui s'entraînent à la maîtrise des émotions donnent moins aux oeuvres caritatives.
Source : Escaping affect : How motivated emotion regulation creates insensitivity to mass suffering
http://dx.doi.org/10.1037/a0021643