20.5.11

Le côté noir du bonheur (1/3)

Un bonheur trop intense peut-il avoir des effets négatifs ? 
On considère habituellement que plus la personne ressent d'émotions positives, mieux elle va. Pas si simple.
Dans cette étude  synthétisant les dernières années de recherche sur le thème du bonheur, on découvre des aspects étonnants.
Les gens "trop" heureux sembleraient par exemple moins créatifs que les gens modérément heureux (pas tout à fait le mythe de l'artiste spleenant et crève-la-dalle mais pas loin). Ils ont en outre des points de vue plus rigides et s'engagent plus facilement dans des comportements à risque, comme la consommation de drogues, d'alcool et de malbouffe. Ils peuvent aussi ignorer menaces et dangers. Chez les jeunes c'est le risque de mortalité qui est accru. 
En psychologie clinique, ne pas ressentir d'émotions négatives peut être considéré comme pathologique. On pense évidemment au côté "maniaque" (du trouble bipolaire), au fait que les psychopathes sont incapables d'anxiété et de peur, et que la difficulté à ressentir au fur et à mesure les émotions négatives peut aussi mener soudainement à la dépression. 
Ces observations sont consistantes avec les notions philosophiques que toute expérience mentale à un niveau extrême, la sensation de bonheur incluse, peut apporter son cortège de conséquences négatives.
Les chercheurs se sont posé la question du timing. 
Y a-t-il des moments où ressentir du bonheur est inapproprié ? Les émotions servent le but de s'adapter à un contexte. Les personnes ressentant plus de bonheur étaient moins compétitives et réussissaient moins bien certaines tâches où l'émotion appropriée était la colère. Dans certains contextes, des émotions positives peuvent desservir l'individu. Ne pas ressentir peur ou colère peuvent mettre la personne en danger et l'empêcher de se défendre efficacement.
La poursuite de plus de bonheur peut avoir un effet paradoxal. Si la poursuite d'un but est généralement positive, elle devient possiblement antinomique avec la recherche de plus de bonheur, en cas d'échec par exemple ou de réussite mitigée. Il semblerait que plus la personne recherche activement le bonheur et plus elle sera susceptible d'être déçue.
Vouloir à tout prix ressentir du bonheur aurait en fait l'effet inverse. Dans une expérimentation, plus les participants essayaient de ressentir des émotions positives, en écoutant une musique joyeuse, moins ils y accédaient. Plus ils valorisaient l'idée de bonheur, moins ils ressentaient.de bien-être et plus ils rencontraient de difficultés psychologiques. 
C'est peut-être pour cela d'ailleurs que la pensée positive semble moins en vogue ?

Source : June Gruber, Iris B. Mauss and Maya Tamir   A Dark Side of Happiness? How, When, and Why Happiness Is Not Always Good. Perspectives on Psychological Science 2011 6: 222 
DOI: 10.1177/1745691611406927

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