8.3.11

Et si l’expérience de Milgram n’avait rien à voir avec la soumission à l’autorité ?

La très célèbre expérience de Milgram, de 1960, incitait les participants à déclencher des décharges électriques de plus en plus fortes, et possiblement mortelles, à des apprenants, lorsqu’ils se trompaient dans l’apprentissage d’une liste de mots. Un soi-disant « expérimentateur », en réalité un comédien, les encourageait tout d’abord, puis leur ordonnait de continuer, malgré la « souffrance » déclenchée. Les apprenants étaient bien-sûr aussi des acteurs. 82,5 % des participants dépassaient les 150V, seuil de douleur où l’apprenant supplie qu’on le détache. Le taux est de plus de 70 % en 2009. Ceux qui se sentent les plus responsables sont les moins enclins à continuer. Milgram avait alors analysé cette observation comme un état de soumission à l’autorité. En répliquant l’expérimentation, Burger et ses collègues ont observé que plus l’expérimentateur « ordonne » fermement de continuer, plus les participants refusent et abandonnent. Les chercheurs en concluent, après avoir débriefé avec les participants leur vécu de l’expérience, que l’expérience de Milgram en dit plus sur notre propension à agir de façon surprenante dans certaines situations.
Note personnelle : il me semble que l’expérience de Milgram permet aux participants d’exprimer une propension sadique latente, dans la mesure où ils ne sentent pas responsables. Lorsque les « encouragements » à continuer deviennent des ordres, la pulsion se trouve alors inhibée.
Source : Burger, J., Girgis, Z., and Manning, C. (2011). In Their Own Words: Explaining Obedience to Authority Through an Examination of Participants' Comments. Social Psychological and Personality Science DOI: 10.1177/1948550610397632
http://spp.sagepub.com/content/early/2011/01/13/1948550610397632.